Tamara Drewe

SIMMONDS Posy

 

Peggy Simmons est depuis 1977 la dessinatrice vedette du Guardian, une sorte de Claire Brétécher anglaise, également auteur de romans dessinés pour la jeunesse. Avec son nouvel ouvrage, elle exploite à son sommet le concept du roman graphique. Ici, le texte typographié dispute à égalité la place au dessin. Tous deux s’enchevètrent dans une mise en page habile qui fait passer sans solution de continuité du texte aux cases dessinées. Un tour de force, d’autant que le récit change de narrateur sans difficulté aucune de suivi. La simplicité et l’expressivité du dessin aux traits légers et aux couleurs douces y contribuent à leur manière.

Que contiennent ces cent trente-trois pages – plus de deux heures de lecture ? L’aventure de Tamara, journaliste médiatique, qui reprend possession de la maison de sa mère, à la campagne. À trois pas de celle-ci, l’active quinquagénaire Beth anime une pension studieuse pour écrivains ayant besoin de calme. Nick, son mari, est un auteur de polars à succès que le démon de midi a toujours poursuivi. L’arrivée de la jeune et belle Tamara met le feu à la communauté, les inconséquences de deux adolescentes du village enclenchent une mécanique événementielle à la chute dramatique.

Cette chronique d’une petite communauté bien humaine est prétexte à une satire en finesse des moeurs de la société contemporaine : le goût pour l’actualité people, les ravages des portables téléphoniques photographiques, les possibilités de nuisance d’Internet, le brouillage des valeurs y sont allègrement moqués. Très original. Une réussite.

 

X.B.