Taqawan

PLAMONDON Éric

Québec, juin 1981. Plus de trois cents policiers pénètrent en force dans une réserve d’Indiens « mig’maq » accusés de ne pas respecter la réglementation de la pêche au saumon, leur seule ressource. Les coups pleuvent, les filets sont confisqués et détruits. Cette répression brutale entraîne la démission d’un garde-chasse, le viol puis la disparition d’une adolescente autochtone. Pour commencer…  On retrouve la manière très personnelle de l’écrivain québécois (Pomme S, NB octobre 2014) dans la construction en courts chapitres alternant le récit des événements avec des informations documentaires authentiques éparses, des allers et retours dans le temps et l’espace, mais où l’on ne s’égare jamais. S’y mêlent légendes amérindiennes, récits chamaniques, initiations, totems animaliers, rêves prémonitoires. Au centre de la mosaïque, l’incroyable voyage du Taqawan, jeune saumon qui remonte, pour frayer, la rivière de sa naissance après trois années passées dans l’océan. Poésie, prise de conscience de l’injustice faite aux Amérindiens et violence composent la toile de fond d’un roman noir, presque un polar aux allures de western moderne : une victime, un traître ignoble et un trio de justiciers aussi dissemblables que déterminés. Ambitieux, instructif et divertissant grâce à l’osmose réussie entre fiction et réalité historique.  (T.R. et M.-C.A.)