Romancier, Henri Raczymow aime le mélange des genres. Son oeuvre comporte des romans, des essais (sur Maurice Sachs, Proust, Courbet…), et aussi des récits qui permettent d’entrer dans l’intimité de cet enseignant né en 1948 dans une famille d’immigrés juifs polonais (Cf. Dix jours « polonais », N.B. août-sept. 2007).
Le livre qui paraît aujourd’hui est consacré au père de l’écrivain qui vient de mourir et auquel le fils s’adresse pour lui « parler encore ». D’abord à une voix, le texte s’enrichit ensuite de dialogues imaginaires où chacun tient sa partie. Sans continuité temporelle, l’évocation du passé resurgit avec les temps forts de l’adhésion au parti communiste, la Résistance et la décoration de la Légion d’honneur… Souvenirs des absents, des disparus, shoah, quotidien dérisoire, rêves, plaisanteries pas toujours de bon goût, jeux de mots, difficiles relations féminines : tout se mêle comme si la vie continuait. Rien de grandiose dans ces conversations à fleur d’échanges familiers et de clins d’oeil où chacun se révèle dans ses limites et ses manques, mais aussi dans son attachement inconditionnel. Henri Raczymow n’a pas composé un tombeau à la gloire de son père, mais « un tumulus » tout au plus, comme il le dit.
A.D. et B.T.