Sa mère adorée emportée par la maladie, l’enfant demeure avec sa grand-mère et son père, officier. Celui-ci l’abandonne et c’est l’aïeule « amoureuse des mots » qui l’élève. À l’adolescence, il passe une semaine de vacances avec son géniteur et la dernière nuit, fusionnelle, est une révélation. Viendra un séjour dans le sud de la Russie, à l’endroit où la Volga rejoint la mer Caspienne : c’est là qu’il deviendra l’homme qu’il est. Ce livre, écrit en 2004, est traduit en français aujourd’hui. Figure majeure de la littérature russe contemporaine, Nikolaï Kononov (Les fiançailles d’une sauterelle, NB mars 2003) est aussi l’éditeur de Proust et de Genet. S’intéressant aux traumas constitutifs d’une personnalité, il se complaît dans la description des tourments, notamment psychologiques, assaillant des milliers d’adolescents en manque de père, enrôlés dans l’armée, et rappelle la dureté de la vie communautariste. Doté d’une imagination débordante et en toute liberté, le héros de ce roman initiatique analyse ses fantasmes et ses expériences. Certains passages crus peuvent choquer, d’autres sont sibyllins. Ce livre difficile et dense rappelle les grands auteurs russes dont on retrouve l’emphase et le cynisme… autre nom du désespoir.
Tendre théâtre
KONONOV Nikolaï