Tenir : douleur chronique et réinvention de soi

Toute douleur a une fonction d’alarme biologique, mais c’est toujours une souffrance, surtout si elle est chronique. Elle est un mal à la fois physique et psychique, avec des conséquences morales importantes tous azimuts. Elle redéfinit les relations du patient avec le corps médical, sa famille, ses amis et même son propre mode de pensée. En même temps, elle l’isole, surtout lorsqu’on ne le croit pas, en pensant qu’il exagère ou que son médecin cherche à traiter la pathologie sans s’intéresser aux individus.    David Le Breton (Expérience de la douleur : entre destruction et renaissance, NB mars 2010), anthropologue et sociologue, professeur à l’Université de Strasbourg, a publié de très nombreuses études scientifiques, dont deux sur le sujet. Ici il se penche sur les différents aspects des affections permanentes, qui concernent près d’une personne sur cinq. Il étudie particulièrement les différents ressentis des personnes atteintes, allant du refus à l’acceptation pour diverses raisons, y compris celle d’une valeur punitive. En conclusion, il prône une médecine plus humaine, véritablement centrée sur ce domaine. Beaucoup se retrouveront dans ce petit essai, de lecture facile et éclairé par de nombreux témoignages. (H.V. et D.D.)