Dans les années 2000, elle entame, avec Luc et Lucie, un cursus à l’école des Beaux-Arts de Lille ; mais le département de la peinture n’a plus le vent en poupe, délaissé au profit d’expressions artistiques plus contemporaines. Ils doivent affronter le mépris des autres étudiants qui les surnomment les « térébenthine » pour l’odeur qu’ils véhiculent, mais aussi celui du corps professoral qui relègue l’atelier dans les caves et les ostracisent. Les années de formation tournent au calvaire alors que les débouchés pour une activité professionnelle gratifiante restent aléatoires.
Elle-même peintre et vidéaste, l’auteure (Tenir jusqu’à l’aube, Les Notes juin 2018) prend prétexte des études éprouvantes de trois étudiants, enthousiastes mais naïfs, pour se livrer à une caricature du monde de l’art et de ses enseignants ! Si la critique est facile, snobisme, prétention et méchanceté sont croqués avec gourmandise et les théories de l’histoire de l’art, objet des difficultés existentielles du trio, tournées en dérision. Machisme, violences sexuelles et homosexualité sont au rendez-vous, et même le triste destin du peintre maudit. Le récit, enlevé, est mené à la deuxième personne du singulier, la narratrice s’adressant, sans jamais la nommer, à la troisième élève du groupe. Une satire simpliste, certes, mais divertissante et rondement menée, d’un milieu très fermé. (J.D. et A.Be.)