Ange Zhang a treize ans en 1966 quand commence la Révolution culturelle. L’arrestation de son père et le saccage de la demeure familiale l’effraient mais, soucieux de ne pas se démarquer et de faire oublier la déchéance des siens, il fonde son propre groupe de Gardes rouges. Revenu dans sa maison vandalisée, il retrouve des livres miraculeusement épargnés. Envoyé dans un village, dans le cadre du retour à la terre, Ange lit Tolstoï et Hugo en cachette et renoue avec sa première passion : le dessin. À la mort de Mao, en 1976, son père est réhabilité et lui-même regagne Pékin après sept ans passés dans une usine. Il vit maintenant à Toronto.
Ce témoignage sensible sait camper le climat de l’époque et retrouver les émotions de l’adolescent coupé de tout repère, passant du chahut insouciant à l’embrigadement accepté avec enthousiasme puis aux désillusions des combats stériles. La lecture puis la peinture l’aident à prendre de la distance et à se construire. L’illustration rend avec force la puissance de la foule, l’omniprésence de la propagande, la lourdeur harassante des travaux des champs. L’envol des pigeons blancs, note claire et légère sur le fond gris des toits de Pékin, résume l’éveil de l’auteur à une pensée personnelle, unissant son talent de peintre à l’authenticité de son écriture. Des photos personnelles et un court dossier didactique, concis et précis, complètent ce documentaire couronné du prix Non Fiction à Bologne en 2005. Accessible dès 10 ans et bien au-delà.