La célèbre baie, l’aéroport, un taxi, puis quelques pas, et « il revoyait Rio ». Ainsi commence la déambulation très personnelle d’un promeneur amoureux. Avec pour seuls guides ses amis, vivants ou morts, ses souvenirs, et surtout son « éducation », sans laquelle, est-il dit en exergue, tout visiteur reste idiot, celui-ci entreprend une sensible, nonchalante et pourtant intense plongée dans la mégalopole et ses ramifications. Sont ainsi parcourus et reliés merveilleusement entre eux le nord, le sud, les célèbres plages, mais aussi la langue portugaise, le passé, les cultures populaires et savantes, les senteurs, les couleurs, les musiques… Au gré d’une « Linha vermelha » imaginaire, telle cette ligne rouge bien réelle qui court le long des trottoirs, surgissent aussi de puissants fantômes, Drummond de Andrade, Cendrars, Zweig surtout. Et Bernanos. À la question de savoir si le mot « théorie » est un ensemble d’idées, d’observations, ou un long cortège de sensations, l’auteur (Autrement et encore : contre-journal, NB avril 2013) répond très simplement que ce court texte est un peu tout cela. Ceux que Rio ou cette façon de voir si particulière laissent indifférents pourront toujours apprécier la plume inimitable d’un « contre »-penseur, analyste subtil et écrivain doué. Un livre intelligent et poétique.
Théorie de Rio de Janeiro
LAPAQUE Sébastien