L’île avec sa vie cloîtrée était devenue insupportable (Noir, NB Mai 2009). Blanche l’a fuie avec Toumaï, son serviteur noir, son amant. L’Afrique, un havre de paix pour eux ? Plutôt un enfer où cohabitent diverses communautés encore plus enfermées dans leurs conventions qu’en Bretagne : colons terrés dans leur fort, défenseurs au nom du roi du commerce des esclaves; indigènes dont les villages sont en guerre perpétuelle pour se fournir en « bois d’ébène ». Seules les bêtes sauvages, avec une femme noire frondeuse elle aussi, la belle Mbissine, font preuve « d’humanité ».
La pure et naïve jeune femme découvre les horreurs de la condition féminine de son époque, la violence, la brutalité des blancs envers les femmes et les noirs ainsi que celle des noirs entre eux. La scène où est sauvé le couple est fort belle : les combats se laissent tout juste deviner dans cette mer immense de hautes et denses herbes qu’est la savane. Le récit limpide est servi par un beau dessin stylisé et une palette de couleurs chaudes pour le décor africain. Généreuse, l’histoire touche.