L’auteure, disparue en 1998, parle ici d’une Italie définitivement engloutie ; celle de 1950. Les paysages expliquent la destinée des hommes: la rude et hostile Sicile, terre de bandits et de paysans pauvres accepte la domination parfois éclairante d’une Église omniprésente. Le Tour d’Italie révèle un Fausto Copi, héros très humain. À Rome, elle rencontre Moravia, son contemporain, parcourt Venise la Douloureuse, croise le parti communiste à Bologne et garde toute sa tendresse à Naples l’incomparable dont la sereine intemporalité lui ferait croire en Dieu. On retrouve dans ces récits, à l’écriture poétique, aux qualificatifs surabondants, les thèmes évoqués dans Le Ombra (NB juin 2004) : exaltation des couleurs, de la lumière, de la civilisation dans cette terre italienne que l’auteure aime charnellement. Anna Maria Ortese y dénonce les disparités sociologiques rencontrées : les trop riches arrogants, les trop pauvres exploités. Particulièrement sensible, elle ressent la noirceur du monde, la solitude de l’homme à peine allégée par la beauté d’une nature encore intacte dont elle entrevoit la fragilité et dont elle perpétue la mémoire.
Tour d’Italie : récits de voyages
ORTESE Anna Maria