Une dĂ©cennie d’absence : celle de Pauline, quatre ans, emportĂ©e par un cancer. L’auteur analyse en sociologue les rĂ©alitĂ©s objectives de l’hĂŽpital, la mĂ©lancolie des patients, dĂ©nonce â non sans brutalitĂ© â les dĂ©rives actuelles des thĂ©rapies consolatrices : rĂ©silience, travail de deuil, rites funĂ©raires (athĂ©e, le couple a cependant demandĂ© le baptĂȘme pour l’enfant). En philosophe il pose l’Ă©nigme, la fascination de la mort devenue tabou, âl’esseulement de la souffranceâ, le temps qui abolit⊠Mais c’est en pĂšre quâil crie sa rĂ©volte, son incomprĂ©hension, l’impossible guĂ©rison. Enfin l’homme ne peut expliquer son besoin d’Ă©crire, ce n’est nullement une catharsis mais il a besoin d’expurger encore sa douleur exprimĂ©e dans ses romans prĂ©cĂ©dents : ce rĂ©cit â sans dolorisme â en sera l’Ă©pure. Sans espĂ©rance, il survit, lucide et curieux pour rĂ©affirmer que l’ĂȘtre perdu est irremplaçable car il est la mĂ©moire de l’amour donnĂ©. Une Ă©criture superbe â aucun mot n’est vain â, sensible (dĂ©jĂ remarquĂ©e dans Sarinagara, NB novembre 2004), sert ce rĂ©cit qui commande le plus grand respect.
Tous les enfants sauf un
FOREST Philippe