Méfiez-vous des miroirs! Ils parlent, commentent, revendiquent, témoignent. Cachés dans une cave par une collectionneuse, au moindre rayon de soleil les voilà qui racontent leur vie. La psyché, dans la même famille depuis deux siècles, constate le déclin de la prestance ; et les deux du bistrot du café des Sports se chamaillent. Dans la poche d’un médecin, le miroir de la mort en fer ne voit jamais la vie. Il y a aussi celui qui révèle votre face cachée, celui du bus qui fait une déclaration d’amour, et même le miroir de poche qui a permis de voir Dieu.
Attention fragile ! Ils peuvent être moqueurs, rebelles, cyniques, amoureux. Ils dévoilent tous les contours de l’être humain, de la noirceur à la luminosité. Ce face-à-face entre les miroirs, pourtant simples objets, et les personnages est troublant tant il exerce fascination, rejet, drôlerie, étrangeté. Emmanuelle Urien (Tu devrais voir quelqu’un, NB mars 2009) a l’écriture piquante, rapide et le regard acéré. En animant tous ces miroirs, elle nous renvoie à notre propre image et provoque notre réflexion.