Charlie est chargé par Saar, dernière épouse de Salomon Schwartz, de faire sa biographie, avec mission de l’écrire à sa place. Salomon était une personnalité en vue à Amsterdam, avec une réputation de grand séducteur. C’est à travers des cassettes d’entretiens, des oeuvres laissées sous forme de lettres ouvertes ou de ses chroniques que Charlie retrace la vie de cet homme. « Petit bonhomme tout maigre », à la patte folle, il savait tout à la fois aller au coeur de l’autre, qu’elle soit religieuse, prostituée ou psychiatre comme son épouse, et être très cruel, quittant ses conquêtes sans préavis. Ambivalent, désespéré, marqué par son statut de fils de survivants des camps nazis et sa relation difficile avec son père, c’était un homme en recherche.
Cette biographie fictive donne lieu à d’intéressantes considérations sur le métier de biographe, mais permet surtout d’aborder de nombreux thèmes : les relations père/fils, l’authenticité, la théâtralité, le donjuanisme… Une construction habile et une langue fluide servent ce texte très riche, d’autant plus surprenant que le précédent roman de cet auteur (Les lois, N.B. déc.1993) avait été jugé « abscons ».