Tout ce que je suis

FUNDER Anna

Australie, 2001. Ruth est maintenant très âgée. Corps en berne, mémoire intacte, elle se souvient. Avec d’autres pacifistes, socialistes militants, elle a dû précipitamment quitter l’Allemagne quand l’incendie du Reichstag, en février 1933, a déclenché persécutions et exécutions. Avec son mari Hans, sa cousine, l’intrépide Dora, résistante dans l’âme, et l’écrivain Ernst Toller, âme torturée, amoureux de Dora, ils espèrent, depuis Londres, alerter le monde démocratique sur la barbarie nazie et la guerre inéluctable, en publiant clandestinement les projets d’Hitler. Mais les services allemands les surveillent. Pauvreté, peur permanente, menaces, alertes peuvent renforcer l’amitié et l’amour. Mais le pire est aussi possible… Les récits alternés de Ruth en 2001 et de Ernst Toller en 1939 font renaître le monde oublié des opposants allemands exilés, leurs espoirs insensés, leur impuissance à prévenir la catastrophe – et leur vie quotidienne. Comme dans Stasiland (NB février 2008), les destins personnels s’imbriquent habilement dans les événements historiques et leur donnent relief et humanité. Sensibilité féminine, revendications féministes, aspirations démocratiques s’imposent dans une intrigue prenante et souvent angoissante. L’auteur, amie de Ruth, a sublimé la réalité passée – la plupart des personnages ont réellement existé et elle s’en explique clairement – en fiction contemporaine.