La photo de famille prise en 1921 à Cracovie est étonnante : les sept fils adultes du rabbin Lazare Silberfeld sur une même ligne, du plus âgé au plus jeune, chapeautés, élégants. Ernest, l’avant-dernier, est alors diamantaire à Anvers. Presque cent ans plus tard, son petit-fils Antoine, écrivain, part en Pologne retrouver les traces presque effacées d’Ernest et de sa descendance, ces hommes dont les vies troublées influencent la sienne aujourd’hui. Après des livres sur ses père et mère (Le Silence de ma mère, NB mars 2011), Antoine Silber élargit la quête de ses origines et remonte au berceau polonais de sa lignée paternelle décimée par les pogroms et la Shoah. Son récit alterne les fragments biographiques centrés sur le grand-père légendaire, avec le carnet du voyage de mémoire que fait l’auteur en compagnie de la femme qu’il aime. Une « tournée funèbre » et amoureuse, dans le brouillard et la neige, d’un cimetière à l’autre, au milieu de tombes profanées, culminant avec la visite des camps, dont Birkenau. Mais le regard est lucide et loin de toute dramatisation. Un beau récit très personnel au ton grave et à l’humour tendre. (T.R. et L.D.)
Tout cet hier à l’intérieur de moi
SILBER Antoine