Poivrots, crétins et fiers de l’être, telle est la devise de ces piliers de comptoirs. L’alcool leur est une autre nature. S’ils savent vider leur verre « cul sec », ils ne boivent jamais rien entre deux cuites. S’ils réclament un « perroquet », ils le répèteront trois fois. L’un d’eux, qui se dit self made man, s’entend répliquer qu’il n’a pas été trop regardant sur les finitions. Quant au bac, un autre personnage serait capable de rater celui de client…
Tous de cet acabit, voire pire, les gags se succèdent sans discontinuer au rythme décousu de deux ou trois sur chaque page dépourvue de cadre. Oscilant entre le grotesque assumé et la vulgarité affirmée, le dessin se plait à décrire minutieusement les trognes démesurées, pustuleuses et couperosées d’impénitents buveurs, dont on ne voit souvent que le buste affalé derrière un zinc simplement suggéré par le reflet des verres. Les amateurs d’humour délibérément franchouillard, agressif et débile apprécieront à sa juste valeur cette anthologie du genre.