TerrassĂ© par lâannonce de son cancer, ne supportant plus sa compagne, en congĂ© pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e, un jeune enseignant se retire dans un village de Provence. Sa prĂ©sence, sa façon de vivre, ses frĂ©quentations, ses balades solitaires dans les bois, son physique (dâorigine espagnole, il a la peau mate) sont mal perçus par les habitants. Certains habituĂ©s dâun cafĂ© se montent la tĂȘte et influencent les autres. Dans cette atmosphĂšre volontairement empoisonnĂ©e, tout peut arriver.    Reprenant une technique littĂ©raire qui a dĂ©jĂ fait son succĂšs, lâauteure (Pas pleurer, NB octobre 2014) met en abyme deux mondes : lâangoisse qui ronge de lâintĂ©rieur un homme jeune, entre son obsession de la mort et une peur grandissante des autres, et lâatmosphĂšre Ă©touffante dâun dĂ©bit de boissons avec les commentaires grossiers, bornĂ©s, racistes, de piliers de comptoir. Une mĂȘme opposition caractĂ©rise lâĂ©criture : lâune vive, sensible, mouvante, contrastĂ©e, toujours intense, lâautre plaquĂ©e, rĂ©pĂ©titive et vulgaire. PratiquĂ© tout au long du roman, ce balancement boiteux entre deux styles peine Ă produire une progression dramatique convaincante. CensĂ© dĂ©crire le gouffre qui sĂ©pare deux formes de misĂšre identitaire et sociale, le livre surprend par ce parti pris qui rĂ©duit la population rurale Ă une caricature. (A.Lec. et A.-M.D.)
Tout homme est une nuit
SALVAYRE Lydie