Ira est une adolescente révoltée qui accule à l’échec ceux qui veillent sur elle, sa mère d’accueil et son éducateur. Une boule de colère qui sème la panique au collège en fédérant autour d’elle les plus suiveurs des fauteurs de trouble. Survient Tess, l’incarnation de ce qu’elle n’est pas, calme, bonne élève, et surtout indifférente à ses éclats. Quand Tess prétend être la coupable du dernier forfait d’Ira, la jeune révoltée prend feu devant cette main tendue dont elle ne veut pas…
Ce court roman se lit d’une traite tant on est pris par la peinture terrifiante d’une violence adolescente apparemment sans solution. Mais la romancière, délibérément positive, refuse de décrire un échec. Une réponse facile : la boxe, comme exutoire à la violence qui démolit son personnage. Une réponse plus subtile, plus touchante aussi : les ruses du cœur qui font céder la jeune fille, comme malgré elle, à la force magnétique de sa compagne. L’énergie de ce texte tient aussi beaucoup à l’originalité de son écriture : Ira en est l’unique narratrice et fait entendre deux voix, celle du récit des événements, saccadée, sarcastique, insupportable et celle, poétique, tout intérieure, de la souffrance, citant Louise Michel, imitant Victor Hugo, Jacques Prévert ou Henri Salvador. C’est très beau. (C.B et A.M.R)