Tout et son contraire est écrit sur Jean-Marc Lovay, déjà reconnu dans Aucun de mes os ne sera troué pour servir de flûte enchantée ( NB janvier 1999), grand voyageur, berger et romancier valaisan, étiqueté aussi bien écrivain génial qu’auteur illisible. De fait, lorsqu’on s’attaque en béotien aux premières pages, on est dérouté par le rythme, la longueur inextricable des phrases, la quasi absence de ponctuation, le verbe halluciné. Céder à la tentation de refermer l’ouvrage serait passer à côté d’un moment littéraire difficile mais insolite et inspiré. Il faut renoncer aux codes logiques d’espace, de temps, de réel. Il faut se laisser porter par le courant ample, le souffle onirique de l’assemblage rare et beau des mots ou plonger en apnée dans des abysses visionnaires pour pénétrer dans l’univers hermétique, et surréaliste de Capolino. On entend Rimbaud, on voit Dali. Là, la relativité imprègne le fond et l’oxymore la forme : l’éternité est fugitive, l’esquisse aboutie, le fracas silencieux et le sommeil éveillé. On est épaté par l’incommensurable pouvoir évocateur des mots, mais on sort étourdi de ce voyage en terrain schizoïde et abscons comme après une séance de projection d’images et de sons trop neufs et trop puissants.
Tout là-bas avec Capolino
LOVAY Jean-Marc