Laisser la chambre en l’état et la murer ; telle est la décision d’une mère dont le fils s’est suicidé. Avant de construire ce mur qui se refermera sur une vie de vingt ans dont les parents n’ont pas su entendre les souffrances, la mère s’imprègne de l’odeur des draps, regarde ses livres sur l’étagère, ouvre des dossiers remplis d’extraits d’auteurs, de notes qui reflètent ses émotions et qui parfois sont comme annonciatrices d’une tentation suicidaire. Comment n’ont-ils pas compris, tout mis sur le dos de la crise d’adolescence alors que le mal était plus profond ? Sol, il s’appelait ainsi et seul il s’est toujours senti, différent, bancal…
À travers une longue lettre adressée à l’absent, où elle s’exprime par phrases successives plus ou moins longues, rapporte des citations choisies par son fils, introduit des poèmes, une mère dit sa douleur et son sentiment de culpabilité. Tous les signes annonciateurs du suicide remontent à la lumière. S’envoler pour trouver la paix et l’absence de douleur : à ceux qui restent de respecter ce choix. « …Je serai ton tombeau comme je fus le berceau de ton premier cri… ». Livre bouleversant dont l’écriture et la poésie touchent au plus profond de chacun en totale empathie, sans pathos mais avec lucidité et humanité. (A.-M. R. et J. G.)