Sibylle Grimbert aime décidément beaucoup mettre en scène des ratés, des déprimés, doutant d’eux-mêmes (Une absence totale d’instinct, N.B. octobre 2006). Et elle s’y adonne avec un certain talent décrivant finement les états d’âme de ces personnages. En l’occurrence ici une quadragénaire travaillant dans l’entreprise familiale, gérée par le frère aîné, où elle se sent inutile, assistée, dépendante, dépossédée de sa personnalité jusqu’à envisager le suicide.
Le style fluide et limpide contraste avec la pesanteur de cette atmosphère familiale destructrice. L’introspection douloureuse de cette femme en plein désarroi, incapable de mener à bien une liaison amoureuse, comme prise au piège dans un filet dont elle ne parvient pas à desserrer les noeuds, est une analyse intéressante de la nocivité que peuvent sécréter certaines formes de rapports familiaux. On ressent une sensation d’étouffement qui, pour être pénible, n’en est pas moins bien rendue.