Mychkine a neuf ans quand sa mère, la jeune et belle Gayatri, s’enfuit à Bali, étouffée par les contraintes familiales pour rejoindre un groupe d’artistes. Mychkine reste avec son père, enseignant à l’université, tenant affectueux de l’autorité, du respect et de la discipline. La vie continue, avec ses petits bonheurs et malheurs, l’école, les camarades, le sage grand-père. Au centre règnent toujours un vide implicite, l’espoir du retour.
Mychkine est vieux maintenant, il médite toujours sur la fuite de sa mère, revoit son enfance, le quotidien d’une famille aisée, en Inde du Nord, dans les années 30. Les proches, les amis, les voisins, les couleurs des saris et des fleurs, le goût des samosas… Des personnages réels apparaissent : Tagore que Gayatri a rencontré dans sa jeunesse ; le musicologue Walter Spies, au coeur de l’intrigue ; des chanteuses, des danseuses connues… Le tumulte des passions adultes et l’amour de Mychkine pour sa mère se vivent au milieu de grands événements, la guerre, la libération de l’Inde. Anuradha Roy (Sous les lunes de Jupiter, Les Notes février 2017) écrit ici un superbe roman sur le désir, la perte et le manque, avec une précision d’écriture à l’exotisme enchanteur. (M.W. et C.-M.T.)