L’Île aux fleurs, autrefois terre de culture, est devenue une énorme décharge où se déversent les ordures de la ville de Séoul. Ici survit misérablement, dans des cabanes de fortune, toute une population de parias fouillant sans relâche les immondices déversés par une noria de camions, à la recherche de vêtements, nourriture périmée, matériaux recyclables… Deux enfants entrent en contact avec les esprits des familles des paysans d’autrefois… Hwang Sok-Yong (Princesse Bari, NB septembre 2013), grand nom de la littérature coréenne, est de toutes les luttes sociales ou politiques. S’il s’agit ici d’un roman, ce monstrueux dépotoir – installé sur une terre confisquée aux paysans – a bel et bien existé jusqu’en 1993. La description qu’en fait l’auteur, tant du lieu que des exclus qui tentent d’y subsister, est d’un réalisme terrifiant. Son livre est une charge contre les excès de la société de consommation, contre les nantis qui se donnent bonne conscience envers les plus pauvres à peu de frais, contre le pouvoir aussi, avec les allusions aux camps de rééducation. Le côté irréel de l’histoire, bien dans la culture coréenne, apporte une dimension poétique et émouvante à ce récit très dur, à l’écriture objective et sans pathos. (M.-N.P.)
Toutes les choses de notre vie
HWANG Sok-Yong