Dans la Varsovie des annĂ©es deux mille, Ă lâoccasion du dĂ©part Ă la retraite de son pĂšre, un quadragĂ©naire cĂ©libataire, vellĂ©itaire et dĂ©pressif, se remĂ©more sa vie de fils ordinaire entre cet homme faible, employĂ© modĂšle, et une mĂšre abusive, déçue dans ses ambitions personnelles et maternelles. Comme on effeuille une marguerite, le hĂ©ros Ă©voque lâune aprĂšs lâautre ses diffĂ©rentes expĂ©riences, Ă lâĂ©cole, au piano, en art dramatique, en langues Ă©trangĂšres, en rencontres amoureusesâŠÂ â autant de demi-Ă©checs pour une personnalitĂ© falote dans une sociĂ©tĂ© petite-bourgeoise polonaise largement dominĂ©e par la langue de bois communiste puis les flottements de lâaprĂšs-Solidarnosc.
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Peinture nuancĂ©e et ironique de la banalitĂ©, servie par une plume intelligente et acĂ©rĂ©e, le livre, Ă lâinstar de son personnage, manque cependant dâĂ©lan. On aimerait que ces coloris subtils soient traversĂ©s par une histoire, voire une âmoraleâ de lâHistoire (sur la Pologne contemporaine, par exemple). Or il ne se passe rien. Gris au dĂ©but, gris Ă la fin, le tableau prometteur fait, si lâon peut dire, « trois petits tours et puis sâen va ! », laissant le lecteur un peu sur sa faim.