Mumbai, de nos jours. Mme Shah, en plein travail et coincée dans un embouteillage, hurle au téléphone. Laila Starr, une jeune femme déjà fatiguée de tout, est allongée sur le rebord d’une fenêtre ouverte, plusieurs étages au-dessus du trafic. Et plus haut encore, bien au-delà des nuages, la déesse de la Mort est convoquée dans le bureau de son patron. Ces trois destins se rejoignent au moment où, simultanément Laila saute dans le vide, Mme Shah donne naissance à son fils Darius, et la Mort est renvoyée sans ménagement. Dans un futur, Darius est en effet celui qui découvrira le secret de l’immortalité et reléguera la Mort au rang de désagréable souvenir. Mais la Mort, incarnée dans le corps sans vie de Laila, compte bien retrouver sa place, même si elle doit pour cela éliminer le jeune Darius. Du moins, c’était le plan avant qu’un camion ne la fauche et qu’elle ne se retrouve à nouveau ressuscitée quelques années plus tard.
Dans le fond comme dans la forme, cette BD est une sacrée claque. A chaque nouvelle vie de Leila, les trouvailles narratives sont légion pour nous embarquer dans cet univers de poésie. Une cigarette philosophe. Un corbeau psychopompe. Le fantôme d’une petite fille. Un temple chinois solitaire. Tous nous accompagnent pour nous donner à voir un nouveau prisme des interrogations de Leila / la mort. C’est plein de douceur, de pudeur, de mélancolie. Une célébration de la vie paradoxale, quand au détour de chaque page, la mort rode.
Le dessin est sublime. Très coloré, parfois à la limite du psychédélique-pop, quelques grandes cases pour mieux nous aspirer. Cette BD est un voyage qui ne laisse pas indifférent. Un voyage en Inde, mais surtout un merveilleux voyage au-delà de la mort.
(MC-MT)