Wu Tse a fui le froid inhumain et la faim atroce qui étaient le lot de chacun sous la dictature militaire. Depuis, il traverse les pays et les épreuves. Rien ne lui est épargné, ni l’anthropophagie et la folie des savants ni les épidémies et les navigations périlleuses, sans compter le harcèlement des contrôles dans cet Occident tant convoité. Constamment traqué, aux abois, sa survie passe par les lieux d’aisance, les immondices et le conduit jusqu’au meurtre. La violence est son royaume, même dans l’amour, fugace, qui n’est que possession bestiale. De transes en transgressions, Wu Tse, transfuge en transit, essaie farouchement de rester en vie, chacun de ses semblables étant son pire ennemi, en quête de l’abri qui lui est toujours refusé.
Pavel Hak écrit le voyage au bout de l’horreur d’un candidat à l’immigration dans un style serré qui épouse l’urgence des situations. Il met en images dures et crues l’exploitation de l’homme par l’homme, la violence qu’il ne cesse de dénoncer (Sniper, NB février 2003). Un livre coup de poing qui ne manque pas de talent.