Astrid, la quarantaine, vend sa maison et se retire dans un hameau isolé du Mercantour à la suite d’un drame familial, dans l’espoir d’un renouveau. Soraya, dix-sept ans, et sa tante Ibtissam, migrantes syriennes, ont traversé l’Europe à pied en treize mois et franchissent les montagnes enneigées pour rejoindre la France.
L’auteure, renommée pour ses ouvrages de littérature jeunesse, s’adresse ici aux adultes en brossant avec délicatesse et subtilité deux destins de femmes. Les conditions de l’exode sont connues de tous. Pourtant sa façon d’aborder ce thème avec empathie, une distance juste et une langue fluide suscite l’émotion. Une construction habile mêle présent et séquelles du passé pour faire comprendre – par petites touches adroitement distillées – les attitudes, les situations, l’histoire de chacune d’elles. La rencontre spontanée, le respect mutuel d’une mère de famille éprouvée et d’une adolescente fracassée évoluent vers une bienveillante humanité. Une langue riche, souvent imagée, révèle un univers poétique. L’atelier de poterie, tant par l’activité créatrice que par la puissance du travail manuel, affiche sa fonction de résilience face aux désastes de la guerre. Mais le sort en décide autrement. Un bijou à découvrir absolument ! (J.D. et A.Be.)