Dans un récit autobiographique Helena Janeczek (Les hirondelles de Montecassino, NB décembre 2012), née en 1964, tente de cerner les rapports compliqués qui l’unissent à sa mère, autoritaire et courageuse, qui a l’a « dressée » en lui inculquant la peur. La jeune Juive polonaise, qui a fui le ghetto de Zawiercie et s’est retrouvée à Auschwitz en 1944, ne s’est jamais pardonné d’avoir abandonné sa propre mère juste avant sa déportation… Pour se comprendre elle-même l’auteur décrypte les non-dits qui ont marqué son enfance et recompose le tragique parcours que ses parents lui ont dissimulé. Traumatismes, deuils et malentendus ressurgissent lors d’un voyage en Pologne où mère et fille scelleront leur attachement. Sans jamais s’appesantir, souvent avec humour et autodérision, la romancière restitue avec tact la douleur maternelle et confie son trouble devant la multiplicité de ses prénoms et des langues qu’elle a apprises. Écriture fluide, forme littéraire libre et subtile interrogation sur la nationalité et la filiation rendent remarquable cet ouvrage.
Traverser les ténèbres
JANECZEK Helena