Dans la nuit du 28 décembre 1908, un très violent séisme secoue la Sicile et le sud de la Calabre, faisant des milliers de morts. À Messine, Barbara, vingt ans, est miraculeusement éjectée d’un balcon. De l’autre côté du détroit, à Reggio de Calabre, Nicola, douze ans, émerge d’une cave où il était ligoté chaque nuit par sa mère. Sidérés et seuls, ils fouillent leurs villes dévastées et doivent apprendre à survivre.
L’auteure sicilienne (Adieu fantômes, Les Notes octobre 2019) revient sur l’effroyable tremblement de terre à travers deux personnages malmenés par l’existence. Cet événement tragique va paradoxalement leur permettre d’échapper à leur condition. Leur destin se recompose sur un champ de ruines. Liés par un terrible secret et les prédictions d’une mystérieuse cartomancienne, ils vont passer brutalement de l’enfance ou de l’adolescence à l’âge adulte. Ce texte est d’une poésie terrible, proche du fantastique, dans l’évocation des ruines, et réaliste dans les tourments subis par les deux héros. Il voyage aussi dans la bourgeoisie italienne corsetée, ses secrets de famille, où machisme, maternité abusive et cruauté sont enfouis sous des apparences respectables. D’un hospice religieux aux camps de réfugiés, ce roman sombre et lumineux, émouvant, s’appuie sur la capacité de résilience de deux être humains épris d’amour et de liberté. (R.C.D. et A.Le.)