Qui lit encore Stendhal ? Philippe Sollers, naturellement, et il le relit avec d’autant plus d’ardeur que Minna, son « Trésor d’amour », exquise Vénitienne, descend de la Métilde qui ne répondit point aux folles avances de Stendhal. Mais aucune femme ne résiste à Sollers et passant avec Minna nuits et jours enchantés, il se vit en Stendhal triomphant, comme auparavant en Casanova ou Vivant-Denon (cf. Casanova l’admirable, NB décembre 1998). Et les échos des grands romans stendhaliens, ceux des récits intimes moins connus – tels les étonnants « Privilèges » – se mêlent aux carillons de la Salute et aux clapotis de la lagune. Harmonie parfaite dans le silence amoureux des deux « happy few »… Comme toujours, Sollers parle de ses lectures avec un brio subtil et une culture polyvalente (quelques saisissantes citations chinoises témoignent une fois encore de ce dernier point). En dépit de sa suffisance presque comique, parfois naïve, de son insistance à se peindre avec les mêmes traits, les lecteurs de Stendhal (il y en a encore quelques-uns !) et tout amoureux de la littérature trouveront ici maintes pages délectables.
Trésor d’amour
SOLLERS Philippe