Le titre de ce cinquième épisode de la saga antique d’Yvan Pommeaux est déjà un point de vue. Car il s’agit bien, à partir de cette guerre littéraire, de dénoncer l’absurdité de toutes ; mais aussi de renouer, en images, avec la fascination de l’épopée. La guerre de Troie, c’est bien autre chose que l’histoire du Cheval : les flèches croisées des pages de garde en sont le symbole épuré. Le récit démarre alors que le combat fait rage depuis neuf ans et prend fin avant son dénouement. Le vrai sujet, c’est le coeur de la mêlée où les revers changent de camp au gré des querelles divines. « Ah Dieu ! Que la guerre est jolie » disait ironiquement Apollinaire. Le paradoxe est là : les dieux s’amusent… et nous vibrons à la grandeur des héros-combattants, à leurs assauts de bravoure et de générosité. Le récit a le souffle lyrique de l’épopée. Les batailles sont superbement organisées en plans larges ou resserrés qui modifient notre point de vue. La guerre est belle, dans des tons sépia crépusculaires et une mise en page proche de certains mangas. De quoi rêver et réfléchir.
Troie. La guerre toujours recommencée
POMMAUX Yvan