Le maire de Maquerol, une ville du sud de la France, a une idée très généreuse. Afin de réconcilier les mémoires liées à la guerre d’Algérie, il veut créer un musée dédié à un photographe originaire d’Algérie, qui y a vécu longtemps et l’a abondamment photographiée. L’équipe en charge du projet est composée d’une historienne, scientifique à l’approche théorique un peu hors des réalités humaines, d’un scénographe prêt à faire passer son égo avant l’œuvre du photographe, et enfin la veuve de celui-ci vivant dans ses souvenirs. Ils vont être confrontés aux points de vue antagonistes d’anciens colons, de harkis, de pieds noirs, d’émigrés algériens, d’anciens militaires… et aussi à des volontés politiques à l’échelle nationale.
Ce récit présentant des sensibilités à fleur de peau pourrait être pesant. La mise en scène, dans des situations parfois hystériques, des membres de l’équipe en charge du projet permet d’apporter des touches d’humour allégeant le récit, et aidant à prendre du recul.
Cet album permet de comprendre les points de vue de chaque groupe ou communauté impliqué. L’auteur en présente une douzaine. Il essaye de refléter la position de chacun, sans jugement, avec une question qui traverse ces témoignages : peut-on à la fois tout mettre au même niveau et respecter la mémoire de chacun ?
L’auteur pose d’autres questions fondamentales : Que veut dire « devoir de mémoire » ? Que signifie l’expression « mémoire collective » ; la mémoire n’est-elle pas nécessairement personnelle ? Est-il possible de réconcilier ces mémoires au nom d’une hypothétique vérité commune ?
Au-delà du sujet du livre, ces questions mettent le lecteur face un abime s’il considère les conséquences des conflits armés actuels, entre des peuples aux destins profondément imbriqués.
(XB)