Tu seras partout chez toi

Son pays est en guerre : on y croise « des chars » !  Sény est envoyé chez son oncle, « de l’autre côté du monde », « au pays des Hommes Pressés ». Il quitte tous ceux qu’il aime. Là-bas, une seule idée en tête : repartir, vite. Et il s’évertue à se rendre insupportable, à l’école, à la maison. En vain ?

Insa Sané raconte une histoire d’exil. De quel pays, pour quelles raisons, peu importe ! Le malheur –universel- de l’arrachement d’un enfant de neuf ans à ses jeux de la veille se passe d’explications. L’âge du narrateur justifie l’ellipse, au profit de l’ émotion du récit. Beaucoup d’humour et de verve pour décrire ensuite les moeurs du « nouveau monde », en croquis rapides, à peine caricaturaux. Voilà pour la réalité : quelle élégance !  Le roman bascule ensuite dans l’imaginaire : le retour au pays –onirique- est un feu d’artifice de clins d’oeil. Sans complexe, l’auteur s’amuse : il détourne, il mélange mythes et légendes, pour un voyage jubilatoire ! Sa maîtrise de la langue enfin, son sens du rythme et de la mélodie donnent des pages de pure poésie qui enchantent le récit de leitmotive lyriques.