Un pĂšre ressasse son exaspĂ©ration devant les goĂ»ts musicaux de son fils de douze ans, sa façon de porter le jean sur les fesses, ses frĂ©quentations douteuses et son parler « banlieue ». AbsorbĂ© par ses pensĂ©es, il sâapprĂȘte Ă prendre le mĂ©tro, mais, brusquement, sâimmobilise, paralysĂ© par le chagrin : ClĂ©ment est mort, il y a peu, Ă©crasĂ© par une rame.
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Des souvenirs faussement anodins sâĂ©grĂšnent au fil dâun monologue tragique dans lequel un pĂšre tente contre toute Ă©vidence de retenir encore un peu de la prĂ©sence de son fils. Câest une errance de pure douleur, une sidĂ©ration absolue du deuil quâimagine Nicolas Fargues (Le roman de lâĂ©tĂ©, NB octobre 2009), avec une maĂźtrise remarquable des mĂ©andres de la souffrance. Le roman se clĂŽt nĂ©anmoins sur une Ă©claircie, comme une concession â facile â Ă la fiction. Toute sa force vient de lâĂ©criture : une flot obsĂ©dant de longues phrases utilise la banalitĂ© du langage quotidien, au plus prĂšs du surgissement du souvenir. Elles servent la construction subtile dâun portrait dâado et le dĂ©voilement dâun passĂ© de tendresse maladroite. La densitĂ© des Ă©motions y trouve une expression parfaite.