Anonyme mais surnommé “Pilote”, le héros erre désespérément dans les rues de Portland (États-Unis) avant de partir pour perpétrer l’attentat du 11 septembre. Déchiré parce que sceptique et révolté, surtout détruit pas ses échecs personnels, il hésite encore, entre haine de soi, du monde et de ceux qui armèrent son bras. Un intégrisme ignoble et inhumain menant à l’impasse, détestant poésie et littérature, un Occident caricatural, une angoisse intérieure mêlée de nihilisme, tout est exprimé en une logorrhée incantatoire ou imprécatoire d’une extrême violence. Répétitions, retours en arrière, ruminations et blasphèmes se succèdent tandis qu’il consomme alcool et pilules, renvoie la fille qu’il avait levée en boîte, sans la toucher. La charge contre l’extrémisme est très forte, accentuée par la puissance de l’écriture. L’ironie féroce et salvatrice est remarquable, on sent le refus de toute soumission. Si le monologue rappelle Joyce, la fureur et la satire acerbe sont caractéristiques de ce jeune écrivain dont la fougue et le lyrisme avaient été remarqués dans La Kahéna (NB août-septembre 2003).
Tuez-les tous.
BACHI Salim