Une femme revient en Tunisie pays de son enfance. Elle traverse une voie ferrée au moment où le train arrive. Son pied se coince et elle tombe. Elle ne se dégage qu’au tout dernier moment, échappant de justesse à une mort certaine. À partir de là, de toute sa mémoire aiguisée et démultipliée, elle se souvient. Son enfance dans une famille déboussolée par la maladie d’un aîné, sa vie de jeune fille à Paris avec un frère tant aimé qui meurt à vingt-sept ans…
Colette Fellous revient sur un passé déjà évoqué dans son précédent livre (Plein été, NB décembre 2007), où elle a mis au jour le concept de « mémoire aimantée », de filiation proustienne, qu’elle réutilise ici. Elle fait revivre avec une ferveur communicative une Tunisie chaleureuse et un Paris de 1968 plein de vie intellectuelle et d’insouciance. Tendre et dévoyé, le frère apparaît plus trouble et sa mort est une douleur inconsolée mais aussi, de façon à peine suggérée, une libération pour une jeune soeur trop influençable. Ce petit livre, un peu difficile à lire du fait de son écriture kaléidoscopique, est touchant.