Pour respecter la dernière volonté de son père, pasteur suisse rigoriste et génial horloger, Jézabel part présenter son ultime invention – une montre d’inspiration divine – à Montréal. Une violente tempête contraint l’avion à se poser dans le New Hampshire. Déboussolée, elle passe la nuit dans un hôtel immense et glauque. Au matin la facture est faramineuse… car une année entière s’est écoulée depuis son arrivée ! Incapable de l’acquitter, elle est retenue prisonnière et doit travailler comme la pire des esclaves. Elle pense pourtant, contre toute attente, qu’elle peut s’en sortir… L’essayiste et philosophe Pascal Bruckner (Un racisme imaginaire : islamophobie et culpabilité, NB mai 2017) se fait romancier. Son conte cruel commence plutôt bien, mais s’essouffle vite. D’abord anéantie, l’héroïne, au comble de l’humiliation, s’adapte d’épreuve en épreuve à sa condition de victime. À la longue, cependant, thèmes et messages se télescopent et deviennent confus. La finalité de « la montre à effacer le temps » que détient Jézabel se perd dans un récit alambiqué. Hésitant entre réflexion savante sur relativité du temps, liberté, justice et critique du modèle social nord-américain, ce roman palindrome est un exercice de style délirant et un peu vain. Bien écrit, certes, mais on s’ennuie. (T.R. et M.-C.A.)
Un an et un jour
BRUCKNER Pascal