Jean-Pierre Otte (La vie amoureuse des fleurs dont on fait les parfums, NB juillet 2008) observe avec humour et tendresse la complicité qui unit les hommes et le Lot où il vit depuis vingt ans. C’est dans le canton de l’Arnal (Causse de Limogne) qu’André Breton s’est jadis installé « cessant de se désirer ailleurs ». La nature est restituée dans la langue ciselée d’un esthète évoquant une oeuvre d’art. Elle sert de décor à des chroniques jubilatoires et émouvantes dans lesquelles la réalité dépasse souvent la fiction. Quelques coups de griffes aux Anglais et aux touristes, mais l’essentiel porte sur les “Autochtones” et “les parachutés”. Les premiers sont les dignes descendants de Jacquou-le-Croquant, aux moeurs un peu abruptes, dotés d’admirables sentiments… Ils partagent leur sagacité avec “les parachutés” qui ont trouvé refuge dans le Quercy. Ils s’y livrent ensemble à un hédonisme salutaire à coup de confits, cabécous et vins de pays. Ils font aussi travailler leurs méninges, proposant un savoir qui s’éloigne parfois de la rigueur scientifique. Qu’importe ! Impossible de citer tous les acteurs, conscients d’être les dépositaires d’un ordre ancestral en sursis. Une exception pour Minna, « blonde aux yeux pers » à qui est dédié ce savoureux hymne à la vie.
Un camp retranché en France
OTTE Jean-Pierre