Enfant, Romain Gary promet à son voisin de quartier dans Wilno, Monsieur Piekielny, de ne pas le laisser dans l’oubli. Sa vie durant, dans ses romans, interviews et rencontres de personnalités, l’écrivain diplomate s’acquittera de ce pacte. Si ce personnage a réellement existé, qui était-il vraiment ? Tel va être l’objet de l’enquête initiée par François-Henri, échoué à Vilnius au hasard d’une rencontre de hockey. Avec peu d’éléments tangibles, le jeune auteur (Evariste, NB décembre 2014) livre un récit original et fantaisiste. Son humour cynique mélange habilement ses suppositions à sa propre interrogation sur le rôle d’un romancier. En inventant une vie à Monsieur Piekielny, il prête des dialogues à Romain Gary, révèle quelques petits arrangements avec la vérité couchés dans La Promesse de l’Aube et met en scène cet écrivain caméléon en rétablissant des vérités. Il développe tout son talent à évoquer le mystère de cet homme, l’homme aux multiples identités. Qu’importe où est la part du vrai, le récit emporte sur le front des deux guerres, dans le bureau ovale, sur le plateau d’Apostrophes avec Emile Ajar, au chevet des juifs de Wilno ou dans les bras de Jean Seberg. On reste « à bout de souffle », un peu égarés mais ravis d’avoir été informés ou bernés. (S.D. et Maje)
Un certain M. Piekielny
DÉSÉRABLE François-Henri