« Au Siècle des lumières,Amour et séduction »Dans les mémoires de Giacomo Casanova, il est question en très peu de lignes de Lucia, une des deux seules femmes auxquelles il a fait du tort. Il la retrouva « laide et dégoûtante dans un bordel d’Amsterdam ». À partir de là Arthur Japin réécrit l’histoire de Lucia. Fille d’une domestique de la comtesse de Mont-Réal, elle vécut dans un immense domaine non loin de Venise et rencontra Giacomo lors d’un séjour qu’il fit chez la comtesse. Elle était trop jeune, il promit de revenir l’épouser l’année suivante. À son retour, Lucia s’était enfuie, défigurée par la variole, ne voulant pas peser sur Giacomo. Après d’innombrables pérégrinations, Bologne, Venise, Vincennes, Lucia, devenue Galathée, aboutit à Amsterdam où elle vivra de ses charmes. Ayant choisi de se masquer, elle suscite le mystère, reçoit la visite d’un certain chevalier de Seingalt… La reconnaîtra-t-il ? On prend plaisir à ces jeux de l’esprit, de la chair et du coeur, vus du côté féminin. Traduit dans un français d’une élégance parfaite, ce roman qui conjugue tyrannie de l’apparence, ardeur de la passion et exigence de la pensée, emmène loin le lecteur, en ce bouillonnant siècle des Lumières. B. B. et M.-H. J.Le Temps où nous chantions, de Richard Powers, analysé dans ce numéro, p.695, aurait pu être également Livre du Mois.
Un charmant défaut.
JAPIN Arthur