Un conte de lâOuest qui ne sâouvre pas sur « Il Ă©tait une fois » mais par « Au commencement ». Au commencement une femme marche seule dans un dĂ©sert de cailloux chauffĂ©s par un soleil ardent. Elle fait des rencontres surprenantes : un chien attachĂ© Ă un arbre sec quâelle libĂšre, puis un ours, une abeille et ainsi jusquâĂ la dixiĂšme rencontre qui est une fourmi. Ă chaque fois, pour rejoindre le groupe, ils doivent argumenter ; lâours pourra la dĂ©fendre, lâoiseau chantera et annoncera le printempsâŠ
Ce conte sur la rencontre de lâautre, diffĂ©rent, est un bijou de construction graphique ; une frise entoure le texte, frise qui ressemble Ă un vitrail aux formes gĂ©omĂ©triques. Et dans un mĂ©daillon sur la frise du haut apparaĂźt lâanimal ou l’humain qui va rejoindre le groupe. Au fil des pages, le paysage change, les saisons avancent. La fourmi, derniĂšre arrivĂ©e, apporte une touche philosophique. Ă quoi peut-elle bien servir, elle, si petite ? Ă rappeler que la vie ne tient quâĂ un fil. La derniĂšre image qui rĂ©unit autour dâun feu de camp tous ceux, Ă©normes ou minuscules, qui se sont joints au groupe est une magnifique conclusion de fraternitĂ© et dâacceptation de lâautre, dans un Ă©change, aussi petit ou poĂ©tique soit-il. (A.-M. R.)