Une vieille dame a été sauvagement assassinée dans sa maison. Les circonstances et d’éventuels scénarios sont alors imaginés. Prévenue tardivement, la soeur de la victime s’active en vain pour que justice soit faite. Elle prend un avocat, écrit au procureur, va voir le maire… Tout en évoquant la vie de la victime qui a connu des épisodes psychiatriques, elle revient sur les lieux, s’indigne, se désespère. Se résigne mal…
Les premiers chapitres, impersonnels, ont le ton d’un reportage. Puis le récit se fait à la première personne et l’on comprend que l’auteure, Irène Frain (Je te suivrai en Sibérie, Les Notes octobre 2019) se met elle-même en scène, qu’elle est la soeur de la victime et que ce deuil lui appartient. L’écriture, dit-elle, lui permet de le dépasser. Après l’objectivité froide du début, la sensibilité émotive qui lui succède abruptement peut étonner et l’on est presque gêné de pénétrer de façon intime dans la vie de l’auteure et dans son histoire familiale. À l’arrière-plan, cependant, se dessine en mille détails précis, intéressants, souvent ironiques ou humoristiques, l’univers des banlieues supposées tranquilles et le « mastodonte » de l’appareil policier et judiciaire. Un livre inclassable et déconcertant. (M.W. et C.-M.T.)