Son mari parti en séminaire pour le week-end, la narratrice se rend le dimanche chez Claire Marie, sa soeur aînée qui vit à Ville-d’Avray avec son mari, médecin généraliste, et leur fille. Alors que le jour décline, Claire Marie confie à sa soeur stupéfaite l’incroyable histoire qu’elle a vécue quelques années auparavant avec un inconnu, dans cette ville au charme provincial. L’écriture tendue, mélancolique, envoûtante et poétique de Dominique Barbéris (Beau rivage, NB octobre 2010) transforme le quotidien d’une femme, en apparence lisse et confortable, en théâtre d’ombres inquiétant. Le danger rôde autour de l’héroïne qu’une vie monotone a rendue vulnérable. Grâce à cette aventure improbable, les liens qui s’étaient distendus entre les deux soeurs se resserrent. L’univers romanesque partagé dans l’enfance remonte à la surface et s’exprime dans ce récit mystérieux. Sous une plume douce et puissante, d’un « bovarysme » assumé, on retrouve des thèmes fréquents chez l’auteure : nature omniprésente, importance de l’obscurité, insertion de faits divers violents qui renforcent l’angoisse et donnent à ce roman singulier des allures de thriller psychologique. On pense forcément au beau film de Serge Bourguignon « Cybèle ou les dimanches de Ville-d’Avray ». (R.C.G. et A.-M.G.)
Un dimanche à Ville-d’Avray
BARBÉRIS Dominique