Un esprit blanc (La colonne ; 1)

1899. Après quelque temps passé à faire la tournée des maisons closes et à recueillir des fonds, le Capitaine Boulet et le lieutenant Lemoine repartent à la conquête de l’empire colonial. Il s’agit maintenant de monter une colonne pour atteindre le Tchad, en pillant au passage toutes les richesses du pays : les hommes pour la guerre et pour le portage des colis, les femmes pour le repos des guerriers. Aucune pitié n’est admise envers les populations rencontrées ou à l’égard des tirailleurs recrutés sur place et fiers de servir la France. Souley, l’un d’eux, raconte son histoire, aidé par « l’esprit des blancs », curieux personnage filiforme qui lui apparaît masqué, après qu’il a tué les deux militaires dans un moment de révolte.

L’un rubicond et rigolard, l’autre longiligne et plein d’afféterie, ces deux Blancs partagent la même bonne conscience de servir la patrie, une égale indifférence pour la vie des Noirs et le même goût du stupre.  Croqués à charge par un dessin caricatural, ils contrastent avec la vaillante dignité des populations qu’ils razzient. Inspiré par certaines relations de la mission bien réelle conduite en 1899 par Voulet et Chanoine, ce premier volume remue le passé pour en faire sortir les aspects les plus malodorants. Cette outrance dessert quelque peu le propos ; dommage car la vérité n’est probablement pas loin.