Dans une lettre datée de 1916, adressée au soldat « Millou », Eugénie Farnoux fait un récit, une confession plutôt : en 1892, la jeune femme quitte ses parents, modistes à Paris et s’installe au château de l’Islette. La magnifique propriété est en partie louée à Auguste Rodin et Camille Claudel. Engagée comme préceptrice d’une adorable fillette qui servira de modèle à la statue « La petite châtelaine », elle découvre l’univers de la création artistique. Debussy, aux prises avec la composition de son Après-midi d’un faune, correspond avec « Mademoiselle Camille » qui travaille jusqu’à l’épuisement sur sa Valse, voulant échapper à l’ombre tutélaire de son maître et amant, Rodin, présent par intermittences. Il multiplie les études pour son Balzac, objet d’une commande officielle. Le temps d’un été, Eugénie assiste aux séances de pose, aux dissensions du couple et plus encore… Ce texte fluide qui s’apparente à une nouvelle, rend compte du travail des artistes tourmentés dans le cadre idyllique du Val-de-Loire. (A.-C.C.-M. et F.L.)
Un été à l’Islette
JEFFROY Géraldine