Voltaire a invité à Ferney deux charmantes comédiennes italiennes pour une nouvelle représentation de sa pièce Le Fanatisme ou Mahomet, que le public parisien a sifflée vingt ans plus tôt. Autre invité, le comte Fleckenstein, venu de Postdam demander à son hôte d’aider son ami Frédéric II à négocier la paix avec la France, en jouant de ses bonnes relations avec Choiseul et Madame de Pompadour. Sur fond de promenades romantiques et de libertinage galant, Voltaire multiplie les déclarations passionnées contre le fanatisme des jansénistes, des musulmans ou des magistrats. La pièce fait un nouveau four, Fleckenstein fuit, lassé du bavardage voltairien exquis et effronté, et Voltaire va se consoler en écrivant une nouvelle tragédie. Fasciné par le théâtre (cf. La maîtresse de Brecht, NB août-septembre 2003), auteur de théâtre lui-même, Jacques-Pierre Amette, à partir des quelque quinze mille lettres écrites par le philosophe, dresse avec une légèreté et une élégance dignes du XVIIIe siècle le portrait d’un vieil écrivain passionné, fantasque, conscient de sa réputation mais aussi de son impuissance à influencer l’histoire ou la société.
Un été chez Voltaire
AMETTE Jacques-Pierre