1860. En AlgĂ©rie, une femme revoit sa vie. MĂšre de quatre fils, veuve sans ressources, elle a acceptĂ© lâoffre de l’Ătat, une ferme de vingt hectares prĂšs de Sidi Bel AbbĂšs. SĂ©duite par l’attrait d’un pays de cocagne oĂč, sans mĂ©nager sa peine, chacun peut s’enrichir, elle part avec sa famille vers cette contrĂ©e inconnue et dĂ©couvre les terres arides, la rudesse du climat. SecondĂ©e par ses enfants et aidĂ©e par « l’Arabe », malgrĂ© la sĂ©cheresse, les sauterelles, les maladies et les deuils, elle s’acharne en vain Ă faire fructifier sa ferme avec une obstination Ă©gale Ă ses malheurs. Avec ce roman, Mathieu Belezi clĂŽt le cycle de sa trilogie consacrĂ©e Ă l’AlgĂ©rie (Les Vieux Fous, NB octobre 2011). Il stigmatise l’administration française qui, pour enrĂŽler les plus dĂ©munis, transforme en eldorado une rĂ©gion impropre Ă la culture. Dans un monologue interrompu par un dialogue imaginaire avec son jeune fils, l’hĂ©roĂŻne psalmodie une interminable plainte tissĂ©e de ressentiments et de colĂšres. L’auteur rend ici hommage aux colons sacrifiĂ©s et recrĂ©e lâatmosphĂšre des premiers villages coloniaux. Mais le parti pris d’une narration rĂ©pĂ©titive, la succession ininterrompue des Ă©vĂ©nements tragiques nuisent au rĂ©cit et Ă sa valeur de tĂ©moignage.(M.R. et M.W.)
Un faux pas dans la vie d’Emma Picard
BELEZI Mathieu