On enterre un homme dont les proches dressent un portrait Ă©mouvant mais simple, sa vie ayant Ă©tĂ© somme toute assez banale : une enfance heureuse, des parents attentifs, un frĂšre protecteur. Brillant publicitaire, il connut trois mariages plutĂŽt chaotiques, eut deux fils qui le dĂ©testaient et une fille qui lâadorait. Il pratiqua activement lâart de lâadultĂšre. Alors pourquoi cette angoisse Ă la fin de sa vie, alors quâil est victime de problĂšmes cardiaques Ă rĂ©pĂ©tition ?
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La mort est le thĂšme central du roman : elle hantait dĂ©jĂ le hĂ©ros de La bĂȘte qui meurt (NB aoĂ»t-septembre 2004). Mais elle est inexorable, Hamlet le savait : impossible de ne pas Ă©voquer le hĂ©ros shakespearien lors du dialogue savoureux du narrateur avec le fossoyeur du cimetiĂšre ! Sur un sujet qui nâest pas nouveau, Philip Roth rĂ©ussit Ă captiver, reprenant brillamment les Ă©lĂ©ments rĂ©currents de son oeuvre : dĂ©chĂ©ance corporelle crĂ»ment dĂ©crite, quĂȘte des origines avec des rĂ©fĂ©rences constantes Ă ses parents et Ă ses ascendances juives, ainsi que regret de la perte de lâinnocence originelle.