Rêvant de cinéma, Sessue Hayakawa quitte le Japon pour les États-Unis en 1909. Son physique de beau ténébreux impassible, un jeu sobre, un travail acharné en font vite une star du cinéma muet, spécialiste de rôles cruels. Il épouse par amour une jeune actrice japonaise. Mais le succès lui tourne la tête : mondanités hollywoodiennes, faste, frasques… L’arrivée du cinéma parlant et la montée du racisme marquent le déclin de sa carrière et le début d’une vie d’errance, au Japon puis en Europe. Il obtient un dernier grand rôle dans Le pont de la rivière Kwaï et termine sa vie dans un monastère bouddhiste. Cinéphile, Gilles Jacob (Le festival n’aura pas lieu, NB juillet-août 2015) tire de l’oubli une icône des années vingt dont la trajectoire illustre les écueils de la gloire auprès d’un public aussi versatile que celui d’aujourd’hui. C’est le portrait d’un homme narcissique devenu “has been”, amer et désabusé, toujours décalé, brasseur d’argent, amoureux mais infidèle, japonais aux États-Unis, américain au Japon, pris entre deux feux durant la dernière guerre. Les références cinématographiques de l’auteur sont nombreuses et les sources bibliographiques plutôt maigres. C’est la limite de cette biographie très romancée, intéressante mais pas assez fouillée.(L.G. et M.-N.P.)
Un homme cruel
JACOB Gilles