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Câest un cri. Ă la premiĂšre personne. La narratrice fait vivre en parallĂšle son amour déçu pour un homme mariĂ© et bourgeois (on ne sait ce qui est le plus grave) et la mort de son pĂšre aujourdâhui, de son grand-pĂšre dans les camps en 1945. Lâhistoire est tĂ©nue, câest plutĂŽt la force des sentiments (amoureux et filiaux) qui impressionne. Jusquâau bout, elle interpelle son amour, lui parle directement, analyse la jalousie quâelle porte autant Ă son milieu quâĂ sa femme et ses enfants, se complaĂźt presque dans le malheur et la persĂ©cution, la dĂ©pression mĂȘme.
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On retrouve les mĂȘmes thĂšmes que dans le prĂ©cĂ©dent roman dâAurĂ©lie Filippetti, Les derniers jours de la classe ouvriĂšre (N.B. fĂ©v. 2004) : sa famille immigrĂ©e au dĂ©but du XXe siĂšcle dans le bassin sidĂ©rurgique lorrain, exploitĂ©e par les industriels de lâĂ©poque, sacrifiant sa santĂ© et ses aspirations sur lâautel de la mine⊠et lâamour, ici trĂšs violent et contrariĂ© par lâadultĂšre et la diffĂ©rence de classe sociale .Le style est original et percutant, AurĂ©lie Filippetti est normalienne, son Ă©criture est brillante.